♥ This is Denmark ♥

« Il y a, dans la froideur du Danemark, quelque chose d’à la fois envoûtant et fortifiant. Mes petits doigts congelés en ont fait les frais et pourtant… J’en aurais, sans mal, redemandé. »

◊ Rèçit détaillé, façon « Carnet de Bord », d’un périple dépaysant au pays des Élégants…◊


♥ JOUR 1 ♥

Arrivée à Slagelse, bled Danois où il fait froid (ne voyez ici aucune forme de jugement, je suis ravie). Deux amies sont auprès de moi. Nous sommes parties rejoindre notre Bergère nationale (tel est son pseudonyme), elle même en expérience Erasmus au Danemark.
Je range ma peur de l’avion (bien surmontée) au fin fond de ma peau lainée (vitale) et « kiffe » à 1000% le moment présent.
Here we are. Une belle semaine s’annonce. Notre fidèle amie nous attend sur le quai, pancarte de bienvenue brandie et bandeau moutonné protégeant sa jolie chevelure caramel.
Nous filons d’un pas rapide (il faut dire que le temps glacial n’inspire pas franchement la farniente ou la nonchalance) jusqu’à son petit appartement d’étudiante. La résidence est sympa bien que le décor alentours paraisse quelque peu désertique et grisâtre. Pastas bolognese, cubis de rouge impatient d’être éventré et retrouvailles. Mini bonheur. Quelques étourderies et beaucoup de confessions féminines plus tard, nous préparons nos lits de fortune pour un dodo bien mérité. Nous sommes des petits êtres sur-crevés. La nuit sera alors réparatrice.

♥ JOUR 2 ♥

Réveil en douceur auprès de mes compères. Après une bonne douche et une préparation sous le signe du vison, nous nous décidons à affronter le gel matinal afin d’aller bruncher en toute sérénité. Les yeux tout écarquillés, nous découvrons notre nouvel environnement. Slagelse, petite cité tranquille, où les chats, peu téméraires, ne sortent pas de leurs gouttières. Slagelse ne joue pas la charmeuse mais se laisse davantage séduire. La teinte brumeuse donne à la ville une couleur de mélancolie et d’accalmie tout à la fois. Nous avancons tout droit vers « Caramel », brasserie donnant sur la place principale de la ville. Nous pénétrons les lieux et là, magie ! Tourbillon de chaleur, de lumière, de gaieté et d’animation. Les tasses et plateaux se sont lancés dans un concerto enchanteur. Les pains au chocolats jouent les grands séducteurs.
Le lieu est plein à craquer, les généreuses assiettes virevoltent autour de nous. Le buffet, au loin, nous fait de l’œil. Yumi !


Nous nous installons dans un petit coin, une confortable banquette camel nous accueillant chaleureusement. Des affiches de films frenchy et british nous entourent. Lelouch et Allen brunchent avec nous, ce qui est tout de même ultra-chic. Puis, nous nous ruons vers le buffet et nos mirettes se perdent avec délice devant tant de choix : croissants, viennoiseries typiques, œufs brouillés frais, bacon croquant, fruits nombreux, yaourts crémeux, pizettes, fromages, feuilletés… Ca n’en finit plus et on en redemande ! Les bouchées vont bon train, nous diluons ces petits plaisirs à l’aide d’un gigantesque café crème et enjoyons la satisfaction toute simple que provoque la gloutonnerie. Une fois repues et comblées, nous prenons le temps de digérer avant de filer à la gare y prendre un train pour Roskilde. L’heure est à la ballade dominicale.
Roskilde est un peu plus grande que Slagelse mais en ce Saint jour du Seigneur, n’en est pas tellement plus animée. Anyway… Nous en découvrons le centre, les statues imposantes sur la grand
place, les enseignes de boutiques et les larges rue pavées.


Le froid ne torture pas encore au delà du raisonnable. Puis, nous coupons court avec l’univers urbain et nous enfonçons davantage dans la campagne alentours. Nous arrivons enfin au port : charmantissime. L’eau y est gelée et teintée d’une couleur émeraude sublime. Les mats vieillis des bâteaux, reflets de la vie qui est passée, les pontons boisés et les canards aux styles princiers nous offrent un émouvant spectacle. Nous nous promenons, mes doigts meurtris souffrent en silence dans des gants évidemment trop fins. Clic et re-clic. Les photos se prennent. Cet horizon glacé, rigide, imperturbable même, stimule la rêverie.

Nous nous réfugions ensuite dans un petit bar, aux larges baies vitrées donnant sur le port (very nice), y buvons un thé réconfortant et nous posons quelques instants. Trève de douceur et haut les cœurs ! Nous faisons connaissance de nouveau avec le froid et rentrons à Slagelse. Le laisser-aller est désormais bien mérité. Apéro, légumes crus et vin rouge abondant. Dément. Puis, joli mets préparé par notre amie avec soin. Nous nous plongeons après s’être rassasiées, devant une comédie romantique distrayante et laissons le sommeil nous envahir peu à peu.

♥ JOUR 3 ♥

Nous engloutissons, à peine réveillées, un frais et copieux petit déjeuner pensé par notre amie, qui avait eu soin de noter nos préférences culinaires matinales dans sa food-list. Puis, une fois préparées, nous nous dirigeons, en ce fier début de semaine, au centre commercial de la ville pour une session shopping effrenée (et probablement inconsidérée). Nous découvrons une autre facette de Slagelse. Une ville rythmée, où bon nombre de boutiques trendy ont pris position, au travers même du gris et de la brume.

Petits accessoires en poche, l’oeif vif et amusé par tant de choix « mode » (ce qui reste étonnant à en juger la petitesse de la ville), il est désormais temps de reprendre des forces suite à cette frénétique adoration de magazins. Une petite brasserie smart à souhait nous attend. Bienvenue « Chez Mikkel ». Nous commandons une HUGE salade qui calme nos appétits. Saine, copieuse et savoureuse. Idéale. Nous nous souviendrons également du très appréciable et tout aussi longiline serveur blond. Puis, nous rentrons doucettement à la casita, en s’arrêtant au supermarché local. Nous découvrons, le cœur en fête, des spécialités Danoises à se pourlécher les babines et nous marrons d’un rien, au travers des rayons.
L’apéritif s’improvise peu après, chez notre amie. Nous y convions Carmen l’espagnole et Gervais l’hollandais, deux autres coéquipiers Erasmus. L’ambiance est calme mais se met en place, au fur et à mesure et le vin aidant, une atmosphère plaisante et conviviale. Et tout ceci, en british, s’il vous plait. Carmen propose de nous amener quelques spécialités espagnoles à l’abandon dans son frigo. Tortilla, jamon serrano et queso se joignent à nous. Nous nous baffrons et buvons plus que de raison. Enfin, après le départ des nouveaux venus, nous terminons notre soirée en mettant en scène une pyjama party débridée. Ames sensibles se réjouir, nous ne sommes pas belles à voir mais tellement inspirées ! La nuit calmera nos pulsions soudaines.

♥ JOUR 4 ♥

Réveil tout à fait tranquille + léger hangover bienvenu. Nous traînassons ensuite à l’appartement, attendant notre amie, partie se renseigner, tout vélo sorti, sur la possibilité d’assister à un cours de Zumba (le sport hype chez les Danish, qui nous révèle en Shakira potentielles). Hélas, ce n’est point possible. Nous laissons de côté nos idées désarticulées de déhanchés en tous genres, filons dans un train et allons à la découverte d’une petite ville universitaire voisine (ma mémoire déjà défaillante en a oublié le nom, Damned!). Au sortir de la gare, une marche silencieuse et introductive nous « projette » soudain sur une immense baie, linéaire et pleine de beauté, que domine l’Université Sorania, fief scolaire réputé.

Nous longeons alors la baie et pénétrons dans la ville, aux habitations ocre, vivaces et donc agréables à mirer. Nous flânons dans la rue principale, y admirons les petites échoppes sympathiques et nous arrêtons ensuite prendre « le meilleur chocolat chaud du pays », dont Le Monde même avait conté la subtilité dans un de ses papiers, what a popularité 🙂
Ceci n’est en effet point mensonger. Nous nous délectons de ce petit joyau de chocolat. Incroyable. Notre gourmandise décide alors de ne pas s’arrêter là et nous complétons le plaisir à l’aide d’une viennoiserie Danoise, un poil trop sucrée à mon goût, ce qui vulgarisa légèrement mon chocolat.


Posées sur notre banc, telles quatre gloutonnes esseulées, nous décidons de poursuivre la visite et nous rapprochons de Sorania et de sa vue à couper le souffle. Séance photos, marche sur la glace pour la plus courageuse d’entre nous et retour paisible vers Slagelse. Voulant tenter les joies du mardi soir en allant boire un verre, nous aterissons au «ZigZag », un des repères branchouilles de la grand place.

Nous sommes étonnées d’y voir diner les quelques rares personnages à être sortis de leurs douillettes chaumières. L’apéro ici, n’est pas du même accabit. Le corps réchauffé par un peu de blanc, nous rentrons ensuite à l’appartement. Le vin se fait moindre ce soir là mais cette limite à notre consommation est absolument louable. Rillettes de thon maison et poulet aux courgettes. Miam.
Nous partons pour Copenhague le lendemain. Valises bouclées, âmes excitées et derniers potins contés. Réservons nous pour le grand frisson.

♥ JOUR 5 ♥

Un petit train d’environ une heure de trajet nous amène à bon port. Les paysages traversés sont de vastes étendues de terre, que viennent parfois compléter de nombreuses usines ou de courtes parcelles de végétation.
Nous arrivons à la gare, propulsées au cœur d’ une cadence urbaine énergique. J’ai le sourire facile et l’excitation qui grandit. Nous sortons très vite, échappant à la foule et nous retrouvons aux abords de la ville, qui aboie et qui gronde, sous quelques ravissants flocons et par -6 degrés.
La circulation nous bouscule gentimment et nous pénétrons plus encore dans le centre, au travers de grandes places architecturalement séduisantes. Nous découvrons le parc d’attractions Tivoli dont l’imposant portail doré laisse sa part de mystère au visiteur curieux ainsi qu’un cinéma étonnant, aux allures de guimauve multicolore, qui attraie et amuse. Nous marchons à vitesse grand V, poussées par le froid et les bribes de neige, déflorant la ville tout à la fois. Notre amie nous amène dans un café où un Green Brunch nous attend. Ce café est situé dans une petite rue sans prétention. Pourtant, toute l’élégance du monde s’y retrouve et le mélange des vélos et des massses capillaires d’une blondeur aveuglante prend tout son sens. Enfin.

Le lieu est simpliste mais offre un superbe buffet façon « verte campagne », où taboulés, terrines, salades, légumes, tapenades, pains et plats en sauce s’amassent généreusement. Nous nous installons, à peine réchauffées et déjà affamées et allons nous servir, après obtention d’un pichet d’eau citronnée (facturée au Danemark). Les assiettes composées reviennent à table, englouties avec magie, les yeux ayant, of course, choisi davantage que le ventre.
Cette copieuse pause réparatrice achevée, nous emportons nos valises gonflées à bloc et allons à l’auberge de jeunesse. Nous poursuivons la découverte de la ville, plus émerveillées encore. Son impressionnante rue commerçante, ses places fastueuses, sa population belle et sereine.

Puis, nous arrivons sur l’Israel Place. Notre auberge a des allures d’immeuble de grand standing. L’intérieur y est confortable. Il y flotte une odeur de pain chaud, à la fois rassurante et stimulante. Notre chambrée est parfaitement miniature.

Lucky us, nous ne serons que toutes les 4, ce qui se révèle plaisant, quant à l’intimité et à la place occupée par nos toilettes. Nous y posons nos sacs, à l’étroit, analysons les couchettes, déterminons rapidement les places et filons faire les quelques boutiques encore ouvertes (en semaine, fermeture des portes à 18h !).
La nuit tombe peu à peu mais cela ne nous empêche point de mirer quelques merveilles vestimentaires en vitrine. C’est une chouette introduction au potentiel « shopping » de la capitale. Nous allons ensuite hydrater les gosiers, à l’aide d’un verre de vin (6 euros, ça fait mal aux miches !) dans un bar plein de jeunesse et de sourires. Les serveurs sont canons. Les clients davantage. Chacun a l’air heureux. On leur piquerait bien un peu de cette tendance naturelle à la joie. Puis, nous rentrons à l’hôtel nous parer de tenues de soirées plus ou moins élaborées (les compensées sont de sortie) et nous hâtons vers une adresse de burgers traditionnels, pas chère du tout, connue de notre amie. Le lieu, situé sur une discrète petite place pavée, est original. On se croirait dans un sous-marin. Les tables, ultra géométriques, aux banquettes de cuir nous font de l’œil et pourtant, les cuisines sont fermées. A 21h45 ! Argh !
Nous nous dirigeons alors dans un petit troquet, tenu par un français, dont la tablée nous est voisine. Notre amie dine, nous autres nous en tenons au vin rouge, que nous buvons allègremment. L’ambiance se réchauffe, le jovial frenchy nous offre des desserts : crème brulée et fondant tout chocolat… il ne fallait pas !
Très tentées par les joies de la nuit qui s’ouvre à nous, nous filons dans le bar fétiche de notre amie, où de cute Danois servent des cheap cocktails à tout va.
Nous nous fondons à la masse, commandons mojitos à la fraise et autres rhumeries bien sucrées, fumons des cigarettes dans un espace destiné à la meurtrière pratique, rencontrons quelques locaux qui, loin de « brancher » avec maladresse et grossièreté, sont d’une gentlemanerie à toute épreuve. Je sens pourtant monter en moi l’ivresse ou plutôt le trop plein. Ca ne loupe pas. Je fonce aux toilettes et « expulse » abondamment. L’éjection était réellement indispensable. La soirée se poursuit un peu, joyeuse même malgré la « barbouille », mais la fragilité actuelle de mon estomac affecte mes amies, qui me proposent alors de ne pas tarder à rentrer. Last cigarette inhalée, nous rentrons à l’hôtel, le vent en poupe, soudainement mutées en oiseaux de nuit invincibles. Nous dansons, sautons, chantons. Le retour à l’auberge est par conséquent, bruyant. Le dodo est serré. Attention, la gueule de bois va se pointer. Viva Dinamarca !

♥ JOUR 6 ♥

Nous ne nous levons pas tard et allons, un peu vaseuses mais l’appétit pourtant criard, à la salle de petit déjeuner de l’auberge. Nous sommes agréablement surprises par la mise en scène des choses, la chaleur sortant des thermos à café, la générosité des petits pains, la diversité des mueslis et céréales. Il y fait bon vivre et donc « bon manger » et nous nous gavons alors comme des oies. Puis, après préparation dans cette étroitesse désormais familière, nous fonçons, prudemment couvertes et l’énergie toute dévouée aux boutiques, arpenter la ville et ses trésors.

Le shopping y est remarquable. Nous passons d’enseignes universelles aux boutiques typiques, d’un coup de talon. Quand nous n’achetons pas, nous contemplons, les mirettes grandes ouvertes, essayons, caressons les marchandises avec passion. La mode est au Danemark, plus encore qu’une simple question de style. C’est une véritable identité que le pays s’est appropriée. Un art de vivre à la fois inné et travaillé.

Nous faisons une pause dans un petit café, aux décors boisés et à la grande luminosité. Cappuccino time. Puis,reprenons la route et poursuivons le délire. Pause cupcakes aux myrtilles pour certaines. Retour enfin, épuisées et le rose aux pommettes, vers l’auberge. Nous nous changeons et décidons d’aller dîner dans un autre quartier. Nous traversons un pont,somptueux dans la nuit, dont les lumières dansent avec féérie sur les restes d’eau glacée. Nous nous engouffrons dans une rue aux enseignes toutes plus chouettes les unes que les autres et où l’esprit festif se met en route doucettement. Nous aterrissons dans une jolie brasserie aux couleurs chaleureuses et à l’atmosphère paisible. L’appétit pointe le bout de son nez, avec insistance. Burgers à profusions. On en mange tout, jusqu’au dernier oignon. Puis, repues et après avoir blablaté comme des midinettes, nous rentrons sagement à l’auberge. Nous nous rendons à la salle commune, où certains ont pris place, avec bières et amuse- bouche, jouant aux cartes, conversant ou écoutant de la musique. Nous faisons de même et profitons un instant de ces ambiances de voyages. Puis, l’heure de dormir se présente, écrasant tout à coup les dépenses de la journée, la lutte permanente contre les températures peu chantantes et la bedaine enflée après avoir tant ingurgité. Belle journée, anyway.

♥ JOUR 7 ♥

S’il y avait un coq à Copenhague, celui-ci serait devenu un fidèle allié. Lever tôt et petit déjeuner, toujours aussi sympathique. Aujourd’hui, nous partons pour une session « culture et découverte » alléchante. Nous prenons nos gambettes à nos cous (nécessairement protégés par de larges écharpes) et nous dirigeons à travers boulevards, places et petits ports, vers Christiainia, le seul et unique quartier libre de la ville (hélas, désormais en voie de désertation).

La capitale possède un relief et des couleurs qui allient une folle distinction et une discrète marginalité. Christiania, de son côté, est un échantillon du peuple, un peu miséreux et surtout marginal, qui a, jadis, décidé de vivre sa vie à l’écart du conformisme, de la pleine normalité et du conditionnement social. Les Christianiens fument de l’herbe en toute liberté, en dealent aux touristes effarés, vendent de l’artisanat très baba, vivent dans des baraques assez précaires mais incorporant néanmoins un souci d’entretien et de présentation. Les Christianiens ne courent pas, sous peine d’être considérés comme des voleurs, demandent que cette loi soit respectée, n’autorisent pas les photos au nom de leur propre communauté, hument le même air, souffrent de la même fraîcheur et donnent pourtant la sensation d’être dans un univers résolument parallèle.


Nous poursuivons ensuite la découverte de la ville, au travers de nouveaux horizons architecturaux et abrégeons la souffrance (uniquement liée au froid) en prenant le métro, si moderne et si rigolo, nous rapprochant de notre repère culinaire. Nous arrivons alors dans un restaurant, aux tons parfaitement blancs et au design épuré. Au programme : smorebrod, spécialité Danoise à se damner. Il s’agit d’une tranche de pain noir complet sur laquelle s’amoncellent hareng fumé ou rosbeef, sauce épicée et crémeuse typique, oignons fris et laitue. Un petit régal qui soulage les papilles.

Après le déjeuner, nous reprenons notre ballade et allons saluer (et photographier of course) la légendaire petite sirène, majestueuse sur son rocher et toutefois, bien plus modeste que notre imagination nous portait à le croire.
Shootée de tous côtés par des hordes de touristes venus du monde entier, il semble complexe de pouvoir totalement « posséder » la femme poisson. Nous en conservons tout de même la singularité et en faisons un doux souvenir. Nous longeons ensuite le fleuve, apercevons les lointains squelettes d’usines dans le paysage, suivons les bateaux circulant à rythme modéré et narguant quelques cygnes, qui nous foudroient du regard. Nous surpassons l’ancien quartier dit « des pêcheurs », aux épouses autrefois infidèles, mais aussi un square, situé non loin du palais royal (n’oublions pas que nous sommes dans une monarchie constitutionnelle et que Margareth veille au grain !), verdoyant de magnificience. Puis, nous arrivons au port. Paralléles au clapotis de l’eau, les allées, pavées, sont habillées d’une multitude de petits repères touristiques absolument à croquer, de terrasses barriolées, de restaurants à visiteurs ruinés.

Les maisons colorées nous éblouissent et nous passionnent. Il y a dans ce port, une bonne dose d’authenticité et de vie. C’est ainsi, sur ce joli tour de ville que nous concluons. Nous revenons au centre, en flânant. Petite pause café/gourmandise pour certaines, quelques boutiques encore, par souci de sûreté. Nous en avons pris plein les yeux et sommes désormais vaillantes jusqu’à l’hôtel. Nous nous préparons alors pour le dîner et retournons dans le quartier de la veille, aussi convaincant ait-il été, précisément à une adresse retenue et réservée.
La petite salle du restaurant est une invitation au bien-être. De larges tables de bois et leurs bancs assortis acceuillent les gourmets. La population est bobo-cool, les lumières vives, les affiches et tableaux sont grisants. Ici, il est de coutume de déguster du « vert », du sain, de la viande, des féculents. Nous prenons une semoule aux légumes épicés ainsi qu’un poulet aux noodles et légumes croquants. C’est raffiné, piquant et apprécié. Le vin rouge coule un peu pour faciliter l’appréciation. Nous discutons un bon moment et profitons de la chaleur bienvenue du lieu.

Nous mirons les couples amoureux partageant un godet de bière ou un filet de porc à la citronelle. Nous nous amusons des petits groupes de Danois, préparés à passer une bonne soirée, aux looks trendy et au rire facile. Nous partageons un peu de cette félicité ambiante et réglons l’addition. La motivation générale n’étant probablement pas au maximum de sa capacité (ce qui est un peu dommage un vendredi soir !), nous rentrons à l’hôtel, jettant un dernier coup d’œil aux bars et terrasses bondés, véritables oasis de fête.
Nous sommes la veille du départ. Avons-nous déjà le cafard ?

♥ JOUR 8 ♥

O joie ! Ô miracle ! Après un ultime délicieux petit déjeuner et le définitif rangement de valises pleines de souvenirs, nous nous apperçevons, sans dissimulation aucune de notre surprise, que dehors, il fait un temps radieux. Qu’un soleil de plomb est possible, en effet. Nous profitons alors encore un peu de cette matinée joyeuse et allons humer l’air nouveau, peu à peu réchauffées par les rayons.

Nous inspectons quelques boutiques souvenirs telles des touristes sur-entraînées, photographions quelques coins nouveaux dans lesquels nous traînons nos savates avec cette nonchalance appréciable, faisons une pause dans un café-boulangerie. Les filles y dégustent un gâteau Danois haut en napage et crème chantilly. Nous revenons à l’auberge très tranquillement et récupérons nos sacs. Le stress pré-départ se fait sentir. Nous nous installons, une fois arrivées dans le bon terminal, à un snack où je déguste un modeste sandwich à 9 euros ( !) puis filons, l’esprit serein et l’air organisé, à la porte d’embarquement. Et là, coup de théâtre ! Nous ne disposons pas du Boarding Pass, indispensable afin de monter dans l’avion. Il s’agit de l’imprimer en moins de 4 minutes, ce qui se révèle impossible (et pourtant, quel sprint dans l’aéroport, à la recherche désespérée du guichet sauveur !). Nous avalons donc nos quelques larmes, ayant coulé sous la pression de l’inattendu. Réalisons que nous ne pourrons partir à temps, que nous aurons à racheter un billet et que nous sommes bloquées dans cet aéroport pour la nuitée entière. Du haut de mes 22 ans, je me sens soudain bien démunie et toute pleine de «gaminerie » mais qu’importe, la vie est ainsi faite : de promesses, de contrariétés et de rebondissements. Je commence à considérer cette expérience comme une aventure fortifiante et excitante. Nous avons 10 heures à tenir. Entamons les festivités !
Notre amie, qui aurait pu largement décamper depuis belle lurette, tient à rester auprès de nous et nous fait par la même occasion, une preuve évidente de sa touchante amitié. Nous trinquons alors au vin rouge et à la bière (ne nous laissons point abattre), dégustons un hamburger contre-diététique, testons nos facultés culturelles et compétences orthographiques, je l’espère diminuées par la fatigue et les émotions, dans un petit bac démoniaque, migrons ensuite dans les couloirs de l’aéroport et nous nichons sur un banc rigide mais idéalement situé prés d’un magazin ouvert de nuit. Nous réalisons que des foules de jeunes ont fait desdits couloirs de réelles bases de campement, munis de boissons, gâteaux, revues et ordinateurs. Heureux dans toute situation !
Nous n’avons pas sommeil mais repoussons probablement nos limites, lisons des magazines et des bouquins, achetons des bêtises qui nous ruinent tout aussi bêtement, nous confessons, rions, luttons. Bref, vivons. Jusqu’au bout du périple.
Nous achevons ainsi l’aventure Danoise de la façon la plus émouvante qu’il soit. D’une façon insolite et profonde.
Notre amie nous quitte, nous grimpons dans l’avion et retournons dans nos contrées, le jean délavé et la gueule enfarinée.

THAT WAS DENMARK.

SKAL !

 

P.P

Saint Dimanche en Provence…

Il est 09h30. Le réveil sonne en ce Saint Dimanche et pourtant, ce n’est pas si terrible. Adieu « hangover » handicapant ou autre condition physique médiocre. Au sortir des draps, se trouve seulement une folle envie d’arpenter, sous un soleil de plomb et par des températures divines, ce que nous offre la Provence. « Et les senteurs de mon enfance… ».

La destination : Saint Paul de Vence. J’en prononce le nom et déjà j’aime le lieu. Petit déjeuner avalé, appareil photo chargé, cigarettes au complet. Mon fidèle compagnon et moi-même sommes fin prêts. Ma petite robe de saison est de rigueur. Ce Saint Dimanche n’oublie pas l’élégance.

Le trajet se fait rapidement. Le soleil agresse les mirettes mais il n’y a la dedans, rien de désagréable. Nos cœurs sont gonflés d’une sensation de liberté toute bête. Leo Ferré nous accompagne en douceur. Puis, le vrombissement du moteur animant notre curiosité nouvelle, nous apercevons au loin ladite ville suspendue… majestueuse et impressionnante. Pour l’heure, encore étrangère. Allons y remédier…

En pénétrant son centre, fait de milles petites rues pavées et sinueuses ainsi que de places plus vastes, « protégées » parfois par de solides remparts surplombant un élégant précipice, nous réalisons que notre imagination ne nous avait point fait défaut. Nous avions vu juste. Saint Paul de Vence a quelque chose d’a la fois communément beau et d’incroyablement différent. Saint Paul de Vence séduit le touriste et le local. Ne décevra ni ne lassera jamais.

Une fois cette promenade, proche de la flânerie, enfin terminée, nous décidâmes de réchauffer les cœurs et les appétits en prenant place dans un petit bistrot-restaurant de charme et de qualité, merveilleusement rapproché du précieux « panorama » dont nous sommes, lucky us, bénéficiaires. Vin blanc, tomates confites et mozzarella. Notre estomac s’en souviendra. Miam.

La visite de la fondation va désormais faciliter la digestion…

Le fief artistique se dessine, au travers de grands pins, fiers et superbement dressés mais qui ne donnent pas le bourdon pour autant. Ici, chaque profil est accueilli. Le discret passionné de sculptures, le flâneur solitaire, l’expert en art furieusement impliqué, l’étranger sensible à la grâce de la région. Cette fondation intimide, par son architecture parfaitement intégrée à l’environnement et sa beauté singulière. Elle est un petit paradis, que l’on verrait bien dans un dessin d’enfant, un film expérimental ou une carte postale démodée. Tiens, ça tombe bien…

www.fondation-maeght.com

Chagall, Léger, Giacometti, Malraux, Miro… Et j’en oublie, c’est évident. Nous errons d’un labyrinthe extérieur verdoyant à des recoins isolés esthétiquement travaillés ou de larges espaces cirés, exposant sculptures et œuvres à la fois universellement connues et momentanément surprenantes. Il y a, au sein de cette fondation, beaucoup de poésie. Nous eûmes, à plusieurs reprises, la sensation de retrouver en ces espaces conséquents, un peu de notre enfance, un arrière gout de nostalgie et de moments passés qu’il est jouissif de faire « vivre » de nouveau. Cela tient probablement au choix des artistes et créations. De la façon dont ces joyaux sont agencés et présentés au public, averti ou vierge encore.

Nous écumâmes les lieux, le doigt enraciné sur la « gâchette » de l’appareil, le sourire aux lèvres et les lèvres toutes ouvertes. La béatitude était bien palpable. Le souvenir restera puissant.

Nous prîmes ensuite notre gentille petite auto et retournâmes dans nos contrées, peu lointaines et davantage familières. Une carte postale de « La partie de Campagne » de François Léger orne désormais mon mur, tout près de mon lit. Et symbolise ma joie.Celle d’avoir vécu un si bel après-midi. De prendre enfin la voiture et de voir tomber le jour comme les couleurs éclatantes d’un tableau sur la toile. De fumer une cigarette en sachant qu’elle se digèrera délicieusement, même dans cette auto confinée. D’écouter RFM et de fredonner des airs connus.

Nous avons dépucelé Saint Paul de Vence avec cette excitation innocente et touchante.Avons fait honneur à la tradition ancestrale des Saint Dimanche.Celle qui confirme que le bonheur n’est pas si loin. Qu’il peut loger ça et là, dans une Provence pleine de surprise et de patrimoine.

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Vous m’en voyez ravie.

P.P